Le taux de rentabilité est un ratio comptable et économique qui sert de référence aux analystes dans l'évaluation de la performance des entreprises. Il est aussi un indicateur de la qualité d'un investissement. En fonction des éléments utilisés pour le calculer, il peut désigner la rentabilité économique ou la rentabilité financière.
Nous évoquons dans cet article ce que représente ce ratio, comment il est calculé et interprété, mais aussi la façon de définir le seuil de rentabilité acceptable pour une entreprise.
La rentabilité au sens strict du terme fait référence au rapport entre les profits générés par une entreprise ou un projet, et les ressources qu'elle a mobilisées pour les obtenir.
Elle permet donc de mettre en évidence la performance d'une entreprise ou d'un projet par rapport à l'utilisation de ses moyens financiers.
Le taux de rentabilité est donc tout simplement un ratio financier exprimé en pourcentage, différent du simple taux de profitabilité, qui mesure la capacité d’une entreprise à convertir son chiffre d’affaires en profit.
Il est utile en économie, en finance et en gestion comptable pour évaluer la performance d'un investissement ou des activités d'une entreprise.
Dans la pratique, le taux de rentabilité d'une entreprise peut renseigner au sujet de deux types de rentabilité : économique ou financière. Il y a une différence fondamentale entre ces deux ratios.
Le calcul du taux de rentabilité constitue un pilier fondamental de l'analyse financière de votre entreprise pour trois raisons majeures :
Le taux de rentabilité permet d'identifier rapidement si votre entreprise génère suffisamment de bénéfices par rapport aux capitaux investis. C'est un indicateur direct de votre capacité à maintenir votre activité sur le long terme et à faire face à vos obligations financières.
En mesurant la rentabilité par activité, produit ou service, vous identifiez précisément vos sources de profit et de perte. Cette analyse permet d'orienter vos décisions d'investissement, d'abandon ou de développement d'activités de manière objective et documentée.
Un taux de rentabilité favorable constitue un argument de poids pour négocier avec les banques, attirer des investisseurs ou rassurer vos fournisseurs. C'est la preuve tangible de votre capacité à générer de la valeur et à honorer vos engagements financiers.
Le taux de rentabilité financière (ou la rentabilité financière tout court) est l'indicateur qui mesure la capacité d'une entreprise à générer du résultat net à partir de ses capitaux propres.
Les capitaux propres (Equity en anglais) regroupent le capital social de l'entreprise, auquel s'ajoutent les primes d'émission, de fusion, d'apport, les écarts de réévaluation ou encore les réserves statutaires ou contractuelles, et le report à nouveau. Dans une vision plus financière, la valeur des capitaux propres, c’est la valorisation de l’entreprise (nombre d’actions * valeur unitaire d’une action).
En anglais, on parle de Return On Equity (ROE). Cet indicateur est principalement utile pour les actionnaires ou apporteurs de capitaux de l'entreprise.
Le taux de rentabilité économique (Return on Capital Employed, ROCE en anglais) mesure quant à lui le rapport entre le résultat économique de l'entreprise et tous les capitaux employés pour la production. Ces capitaux englobent aussi bien les ressources internes à l'entreprise provenant des apports des actionnaires et des profits non distribués que les capitaux empruntés. Contrairement au ROE, le ROCE n'est donc pas uniquement destiné aux actionnaires. Il fournit des indications fiables à quiconque souhaite se renseigner au sujet des performances de la société.
Pour récapituler, la différence entre le ROCE (rentabilité économique) et le ROE (rentabilité financière), est que le ROCE compare le résultat économique sur l’ensemble des capitaux employés par l’entreprise (capitaux propres et dettes) alors que le ROE compare le résultat net (financier) sur uniquement les capitaux propres. Autrement dit, le taux de rentabilité financière varie en fonction de la structure financière de la société alors que la rentabilité économique est neutre de ce point de vue.
Il est de ce fait très utile pour les analystes financiers et les économistes.
Le calcul du taux de rentabilité d'une entreprise se fait à partir d'une formule mathématique qui varie selon le type de ratio que l'on souhaite obtenir : ROE ou ROCE.
Le taux de rentabilité financière d'une entreprise s'obtient à partir de la formule suivante :
Taux rentabilité financière (ROE) = (Résultat net / Capitaux propres)
Exemple de calcul de ROE : Supposons qu'une entreprise Y a obtenu un résultat net de 20 000 euros au titre de l'année N, en exploitant des capitaux propres dont le montant est estimé à 150 000 euros. Le calcul de son taux de rentabilité financière donnera 13,33 %, ce qui équivaut à (20 000 / 150 000).
Le taux de rentabilité économique se calcule à partir d'une formule légèrement différente :
Taux de rentabilité économique (ROCE) = (Résultat d'exploitation * (1 - taux d’imposition)) / Capital total employé ou actif économique total)
L'actif total est égal au passif de l'entreprise, c'est-à-dire à la somme des dettes à court, moyen et long termes, et des capitaux propres.
On reprend l’exemple précédent en considérant que le montant des dettes est égal au montant des capitaux propres (150 000). On considère que ces dettes engendrent des intérêts de 15 000 et que le taux d’imposition est de 20%.
On remonte ainsi du résultat net à l’EBIT/résultat d’exploitation :
J’obtiens le résultat avant impôts en divisant le résultat net par 20%. J’obtiens l’EBIT en ajoutant au résultat avant impôts les intérêts payés.
Pour obtenir le taux de rentabilité économique :
EBIT * (1- taux d’imposition) / actif économique
= 40 000 * 80% / 300 000 = 32 000 / 300 000 = 10,67%
En comptabilité et en finance, le taux de rentabilité permet de quantifier les bénéfices que génère chaque euro investi dans l'activité d'une entreprise. Par exemple, un taux de rentabilité économique de 13 % signifie ainsi que lorsque l'entreprise utilise 100 euros issus de ses capitaux propres et de ses dettes (dans le cadre d'une analyse de ROCE), elle réalise une marge de 13 euros. Les apporteurs de capitaux peuvent donc s'appuyer sur ce ratio pour décider d'investir ou non dans une activité.
Un taux de rentabilité négatif peut également être interprété : il indique que l'entreprise réalise des pertes et n'arrive pas à couvrir ses charges et ses coûts de production avec ce que génère son activité (qui n'est alors pas rentable). Elle doit donc redresser la barre pour éviter de faire faillite. À l'inverse, plus le taux de rentabilité d'une société est élevé, mieux c'est.
Il est également possible de comparer ces deux indicateurs de rentabilité (ROE et ROCE) pour tirer une conclusion quant à la situation économique d'une entreprise. En effet, lorsque le taux de rentabilité financière est supérieur au taux de rentabilité économique, cela signifie que l'entreprise profite de l'effet de levier de l'endettement. Autrement dit, la dette joue un rôle positif sur les performances de l'entreprise si le ROE est supérieur au ROCE. Pour que l’effet de levier soit positif, il faut en fait que le ROCE soit supérieur à taux d’intérêt / (1 - taux d’imposition). Si ce n’est pas le cas, l’effet de levier devient négatif et on parle d’effet de massu.
La réponse à cette question dépend de plusieurs facteurs : le secteur, le modèle économique, la maturité de la société, etc. Selon les experts, l'idéal est toutefois de viser un seuil de 15 % au moins pour le ROE et 10 % au moins pour le ROCE. Le plus important n'est pas une rentabilité financière élevée sur une année en particulier, mais la constance dans le niveau de rentabilité. Afin de connaître ce taux, il est intéressant d'utiliser un logiciel comme celui de Fygr pour obtenir un calcul de rentabilité complet et mieux connaître les performances de l'entreprise.
Voici, en croisant différentes sources, des taux de rentabilité moyen et par secteur en France.
Services :
Industrie :
Commerce :
Construction et immobilier :
Un taux de rentabilité très élevé peut indiquer une situation favorable mais aussi des risques potentiels : prix trop élevés attirant la concurrence, sous-investissement dans l'innovation ou la maintenance, ou pratiques commerciales agressives non durables.
Plusieurs leviers sont possibles : optimisation des processus de production, négociation avec les fournisseurs, automatisation de certaines tâches, amélioration de la productivité des équipes, réduction des délais de paiement clients.
La profitabilité mesure la capacité à générer des profits par rapport au chiffre d'affaires, tandis que la rentabilité mesure le rendement des capitaux investis. Une entreprise peut être profitable sans être rentable.
Oui, généralement les grandes entreprises ont des taux de rentabilité plus stables mais souvent plus faibles que les PME, qui peuvent avoir des taux plus élevés mais plus volatils en raison de leur agilité et de leur spécialisation.
Les start-ups peuvent avoir un taux de rentabilité négatif pendant leurs premières années, ce qui est normal durant la phase d'investissement et de développement. L'important est d'avoir une trajectoire claire vers la rentabilité.
La digitalisation peut améliorer la rentabilité en réduisant les coûts opérationnels, en augmentant la productivité et en permettant d'accéder à de nouveaux marchés, mais nécessite des investissements initiaux importants.
Les périodes de crise peuvent impacter négativement la rentabilité à travers la baisse de la demande et l'augmentation des coûts, tandis que les périodes de croissance favorisent généralement de meilleurs taux de rentabilité.
Oui, certains secteurs connaissent des variations saisonnières importantes (tourisme, distribution, agriculture). Il est donc préférable d'analyser la rentabilité sur une année complète.
La comparaison doit tenir compte des différences de fiscalité, des coûts de main-d'œuvre, des régulations locales et du pouvoir d'achat dans chaque pays pour être pertinente.
L'intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance peut initialement réduire la rentabilité due aux investissements nécessaires, mais peut améliorer la rentabilité à long terme grâce à une meilleure efficacité opérationnelle et une image de marque renforcée.