Même sans formation comptable poussée, savoir lire le bilan actif et passif de sa société fait partie des incontournables pour tout entrepreneur. Sinon, comment échanger correctement avec son expert-comptable, son banquier, voire son assureur ?
Dans ce guide, nous vous donnons la définition et la composition de chaque tableau : l’actif, puis le passif. Nous vous illustrons les principes fondamentaux à partir d’exemples concrets. Enfin, nous vous expliquons les notions de structure et d’équilibre du bilan comptable.
Vous connaissez les expressions de la vie courante « avoir à son actif » ou « à son passif » ? Vous vous interrogez sur une éventuelle similitude avec la comptabilité ? Eh bien oui, cela peut être un bon moyen mnémotechnique de comprendre le sens d’un bilan actif et passif. Tentons donc le parallèle :
Le bilan comptable comporte toujours deux tableaux :
L’objectif du bilan financier, document qui fait partie des comptes annuels, consiste à prendre une photo du patrimoine et de l’endettement à la date de clôture.
Le bilan actif comporte trois colonnes :
Détaillons les différents emplois que présente tout bilan comptable actif en partant du haut du tableau et en descendant jusqu’en bas.
La première brique d’un bilan actif correspond aux emplois immobilisés. Ces éléments constituent des investissements durables, par opposition aux achats consommables. Du matériel informatique, des véhicules, un bâtiment ou un terrain en propriété : voilà des postes qui appartiennent par définition à l’actif immobilisé du bilan. C’est aussi le cas de titres détenus dans d’autres sociétés ou des prêts accordés par exemple à une filiale.
Ensuite viennent les stocks et créances clients. Ces postes de la comptabilité fluctuent rapidement :
C’est pourquoi vous entendez parler d’éléments de l’actif circulant. D’un mois à l’autre, le contenu de cette partie du bilan actif bouge, contrairement aux emplois durables de l’actif immobilisé.
Enfin, le bas du tableau du bilan actif correspond au montant disponible en banque ainsi qu’aux placements réalisés. C’est bien un emploi et non une ressource, même si cela vous peut sembler étrange. Dans le cas où vous disposez de plusieurs comptes bancaires, seuls les soldes bénéficiaires, donc créditeurs à la banque, s’enregistrent ici. Si l’un des comptes présente un découvert, la comptabilité le positionne séparément au passif. C’est en effet une dette pour l’entreprise. Car il vous faudra bien rembourser cet argent au banquier.
Le bilan passif de l’exercice comprend lui une colonne unique. Le tableau se décompose en quelques grands postes :
En haut du bilan passif figurent les ressources qui vous appartiennent en propre. Ce sont le capital, le compte de l’exploitant, ainsi que toutes les réserves accumulées au fil des années si vous ne distribuez pas tout le résultat. Bien sûr, n’oublions pas sur le tableau du bilan passif avant affectation, le bénéfice ou la perte comptable de l’exercice écoulé.
Détenir des capitaux, c’est capital ! Toutes les autres ressources de votre entreprise correspondent à des dettes. Vous comprenez aisément que sans fonds propres suffisants, vous dépendez de vos banquiers et de vos fournisseurs. Ce n’est pas sans risques pour la pérennité de votre société.
Le bilan passif se poursuit avec l’endettement financier. Emprunts bancaires long et moyen termes, comptes courants d’associés, crédits court terme et découverts bancaires se positionnent ici à la clôture de l’exercice. Ces dettes constituent bien une ressource pour votre entreprise, tant que vous ne les remboursez pas.
Enfin, le bilan passif se termine par les passifs circulants, également appelés dettes circulantes. Entrent dans cette catégorie, les dettes vis-à-vis :
Comme à l’actif, ces postes varient d’un mois à l’autre tout au long de l’année. Ils reflètent l’exploitation de l’entreprise, d’où leur qualification de “circulant”.
La compta, c’est comme le vélo. Une fois les principes fondamentaux appris, vous ne les oublierez pas. Bien sûr, la visualisation rapide de ce qui se positionne à l’actif et de ce qui va au passif n’est pas innée. Ce sont des réflexes qui s’acquièrent au fil du temps avec un peu de gymnastique intellectuelle. Alors, voici une notion essentielle à garder en tête : le total du bilan actif est toujours égal au total du bilan passif.
À chaque fois que votre comptabilité enregistre une opération, deux comptes se mouvementent simultanément :
C’est le principe des écritures en partie double et de l’équilibre actif et passif.
Illustrons cette notion fondamentale par un exemple concret.
Pour l’exercice, nous faisons abstraction de la TVA. Supposons qu’il s’agit par exemple d’un fournisseur en dehors de la Communauté européenne (d’une importation donc). Voici les écritures à enregistrer pour l’achat de l’immobilisation et le règlement de la facture d’investissement :
Les tableaux de l’actif et du passif du bilan comptable présentent alors les éléments suivants :
Nous avons déjà abordé les notions d’emplois et ressources ainsi que de haut et bas de bilan. Regardons maintenant comment le bilan actif et passif s’analyse sur le plan de l’équilibre des différents éléments qui le composent.
La présentation du bilan actif comme celle du passif débute par les données les plus durables et stables, les immobilisations et les capitaux propres. Ensuite, plus vous descendez en bas du tableau actif ou passif, plus les montants s’avèrent circulants. Pour l’actif, on parle de liquidité croissante. Pour le passif, il s’agit d’exigibilité plus forte en bas du tableau qu’en haut.
Une bonne structure de bilan montre un financement des actifs durables, les immobilisations, par des passifs stables comme les capitaux propres ou les emprunts à moyen et long terme. Cet équilibre se traduit par les notions comptables de fonds de roulement ainsi que le calcul de ratios de solvabilité notamment.
Les grandes masses du bilan actif et passif s’utilisent pour calculer les équilibres entre les emplois et les ressources. Nous vous recommandons de retenir les trois indicateurs qui suivent :
C’est le modèle de base le plus répandu en analyse financière bilancielle d’une entreprise.
Le fonds de roulement (FR) représente l’excédent de capitaux permanents par rapport aux emplois durables, les immobilisations nettes donc.
Le besoin en fonds de roulement (BFR) mesure, lui, la trésorerie à trouver pour financer l’exploitation. Pour son calcul, soustrayez les dettes circulantes des emplois circulants, soit les stocks et les créances.
La trésorerie nette correspond à la différence entre le FR et le BFR. Pour son calcul, vous pouvez également déduire les dettes financières court terme qui figurent au passif du poste disponibilités de l’actif.
Vous comprenez maintenant la définition et la composition tant du bilan actif que passif. Vous percevez donc l’importance des équilibres entre les grands éléments des tableaux comptables bilanciels. Pour toute entreprise, il existe des ratios financiers standards dont le calcul se base sur ces postes du bilan. Ils permettent de suivre la solvabilité et l’équilibre.
C’est une manière de mesurer pour un expert-comptable ou un banquier le niveau d’indépendance financière des entreprises selon le taux d’endettement. Ces indicateurs tirés de la comptabilité jugent aussi de la capacité de chaque société à honorer aisément ses dettes et sous quel délai. Ce critère s’avère bien utile dans l’approche des risques qu’effectue un établissement bancaire ou un investisseur.
Pour une bonne compréhension des enjeux et équilibres financiers de votre entreprise, n’omettez pas la lecture de la photo que constitue le bilan comptable. Avec ce guide, vous disposez des bases et des réflexes à acquérir pour savoir interpréter votre bilan actif et passif.