Alors qu’une forte croissance est l’objectif poursuivi par de nombreux chefs d’entreprises, elle entraîne quasi-systématiquement (dès lors que le BFR est positif) une hausse du besoin en fonds de roulement (BFR) et un effet ciseau négatif potentiel. Il est ainsi primordial de savoir maîtriser son BFR en cas de forte croissance pour ne pas se retrouver à court de trésorerie.
Le besoin en fonds de roulement (BFR) est un indicateur financier qui mesure le besoin de trésorerie de votre entreprise pour financer son cycle d’exploitation à court terme.
S’il donne de précieuses indications sur l’ampleur des décalages entre les rentrées et les sorties de trésorerie, le BFR permet également d’anticiper d’éventuelles difficultés, pouvant se déclencher même en cas de croissance.
Pour rappel, le BFR se calcule avec la formule ci-dessous :
BFR = stocks + créances clients - dettes non financières
La variation du besoin en fonds de roulement correspond ainsi à l'écart entre le montant du BFR à la clôture de l'exercice et celui du besoin en fonds de roulement au début de l'exercice. On peut la calculer grâce a la formule ci-dessous :
Variation du BFR = BFR Année N - BFR Année N-1
La variation du BFR en dit long sur l’état des ressources financières d’une entreprise. Cette donnée doit être surveillée avec une grande attention.
Variation du BFR nulle
Si la variation du BFR est nulle, cela signifie que le besoin de trésorerie pour financer son cycle d’exploitation à court terme est resté constant entre le début et la fin de la période observée.
S’il y a eu de la croissance lors de la période étudiée, alors une telle variation signifie que l’entreprise a été efficace dans sa gestion de trésorerie.
À l’inverse, en cas de diminution de l’activité, une variation du BFR nulle signifie que l’entreprise n’a pas réussi à adapter son besoin en fonds de roulement au ralentissement. Cette situation peut par exemple s’expliquer par le coût de stockage des produits non-écoulés.
Une variation de BFR négative est une bonne nouvelle car elle implique une diminution du BFR au cours de la période étudiée, et donc une réduction du décalage entre les décaissements et les encaissements de l’entreprise.
Une telle variation peut également être due à une baisse de l’activité et une diminution concomitante des besoins de trésorerie finançant l’exploitation à court terme.
Enfin, une variation positive du BFR peut dans certains cas présager des difficultés financières actuelles ou futures, en plus d’une mauvaise gestion de la trésorerie.
Une augmentation du besoin en fonds de roulement au cours de la période observée peut découler d’une croissance de l’activité, engendrant un besoin accru de financer le cycle d’exploitation.
En l’absence de croissance, elle peut exprimer une dégradation du décalage entre les rentrées et les sorties de trésorerie, signe d’une mauvaise gestion financière.
Le BFR peut être négatif et ainsi être considéré comme une ressource. En effet, il existe des secteurs où le décalage entre les encaissements et les décaissements est avantageux, comme la restauration ou de la grande distribution qui payent les fournisseurs après un délai et font payer leurs clients au comptant. Les entreprises de ces secteurs bénéficient ainsi d'un surplus temporaire de trésorerie qui peut être utilisé à leur avantage.
Dans la plupart des secteurs, cependant, le BFR est intrinsèquement positif. Il faut en effet bien souvent d’abord payer ses fournisseurs, stocker ses produits et ensuite encaisser ses clients avec un délai plus ou moins long.
Pour les entreprises avec un BFR positif, une dynamique de croissance engendre quasi systématiquement une augmentation proportionnelle du besoin en fonds de roulement.
Une telle variation positive du BFR entraîne à son tour des besoins de trésorerie pour financer le cycle d’exploitation en plein essor. Il faut en effet faire face à l’augmentation des créances due à l’afflux de nouveaux clients payant avec un délai plus ou moins long.
Il faut également financer l’achat et le stockage des matières premières et des produits finis supplémentaires servant à augmenter la production et assurer la croissance. La croissance rime également bien souvent avec le besoin d’embaucher plus de personnel, découlant sur une augmentation des dettes fiscales et sociales pour l’entreprise.
Ainsi, la croissance de l’entreprise peut paradoxalement entraîner des besoins de financement. Quand bien même l’entreprise génère un chiffre d'affaires en hausse et des profits juteux à la fin de l’exercice, sa survie dépend de sa capacité à allouer un montant assez important de trésorerie pour financer ses opérations quotidiennes.
Une variation de BFR trop importante liée à une forte croissance peut même indiquer des difficultés financières mettant en jeu la pérennité de l’entreprise, d'où l'intérêt de savoir maîtriser son BFR en cas de forte croissance.
Si, pour une entreprise avec un BFR intrinsèquement positif, une forte croissance engendre nécessairement une variation positive de son besoin en fonds de roulement et un besoin de trésorerie plus ou moins urgent, certaines actions permettent d'atténuer l’envolée de cet indicateur.
Bien souvent, en cas de forte croissance, une augmentation radicale du BFR n’est décelée que trop tardivement, il faut alors agir vite et garder son sang froid pour éviter le manque de liquidités.
Une première stratégie rapide à implémenter consiste à allonger les délais de paiement auprès des fournisseurs et notamment à repousser le paiement des factures les plus importantes, lorsque cela est possible et ne détériore pas la relation avec le fournisseur.
À l’inverse, réduire le poids des créances clients constitue un bon moyen de réduire le BFR. Il s’agit alors de tout mettre en œuvre afin que les clients paient leurs dettes. On peut par exemple les relancer, négocier un moratoire ou un escompte, voire poursuivre les débiteurs réfractaires.
Une autre mesure rapide pour abaisser le BFR, quand bien même drastique, consiste en la réduction des postes de coûts les plus importants comme la main d'œuvre, le stockage et les matières premières.
Une entreprise ne pouvant faire face à l’augmentation de son BFR peut décider de modérer sa croissance et se concentrer sur l'amélioration de ses marges.
En effet, alors que la croissance est aujourd’hui bien souvent accompagnée de remises aux clients et de délais de paiement très généreux, privilégier la marge permet de générer de meilleurs profits qui améliorent la capacité d’autofinancement de l’entreprise.
Il existe également des stratégies s’inscrivant dans le temps long qui permettent de maîtriser l’envolée du BFR en cas de croissance.
L’une des actions les plus efficaces est de rendre les délais de paiement plus avantageux pour l’entreprise, soit tout simplement en réduisant ces derniers et en mettant en place un suivi rigoureux, soit en ayant recours à l’affacturage.
L’affacturage est un outil qui permet à l’entreprise de se financer en mobilisant ses créances client auprès d’un établissement de crédit, le factor. Le factor prend un risque de crédit non sur l’emprunteur mais sur les débiteurs cédés.
Si l’entreprise a une clientèle suffisamment diversifiée et solvable, l’affacturage lui procure une réserve de financement qui lui permet de faire plus facilement face à une variation positive du BFR.
Une autre solution consiste à améliorer la rotation des stocks et optimiser sa chaîne de valeur afin d’atteindre un flux tendu.
Il peut également s'avérer avantageux de diversifier au mieux les différents partenaires afin d'éviter la dépendance à un seul fournisseur, la défaillance d’un client trop important ou encore celle d'un unique partenaire financier.
Enfin, une solution permettant de maîtriser le BFR sur le long terme consiste à augmenter ses capitaux et sa trésorerie avec des financements tels qu’une augmentation de capital ou un financement bancaire.
De la trésorerie supplémentaire peut également être dégagée avec la suppression momentanée des dividendes ou la cession d’actifs non stratégiques. De cette manière, il sera plus aisé pour l’entreprise de couvrir une variation positive du BFR en cas de forte croissance.
Ainsi, la variation du besoin en fonds de roulement est un indicateur primordial exprimant la santé financière de l’entreprise. En cas de forte croissance, les entreprises dotées d’un BFR intrinsèquement positif connaissent une augmentation proportionnelle de leurs besoins de trésorerie pour financer l’exploitation.
Si un tel état de fait n’est pas anticipé suffisamment en amont, la survie de l’entreprise peut être en jeu. Heureusement, il existe des actions rapides et efficaces à mettre en place afin de faire face à l’urgence et maîtriser un BFR qui s’envole.
Plus largement, des stratégies de long terme permettent aux entreprises de se préparer au mieux et d'éviter les besoins urgents de trésorerie dus à l'envolée de leur BFR.