Le compte de résultat (CR) est - avec le bilan - le document comptable le plus connu. Il est très utile pour faire des comparaisons (entre plusieurs périodes, ou plusieurs entreprises) et calculer des marges et des soldes intermédiaires de gestion.
Si la trésorerie est le carburant de votre entreprise, le compte de résultat est le contrôle technique. Il doit être établi régulièrement, pour analyser les performances de votre business. En comparant les produits aux charges, vous obtiendrez des marges et des résultats. Plus ces derniers sont importants, plus votre trésorerie le sera potentiellement aussi. L’analyse du compte de résultat se fait régulièrement, pour maintenir et améliorer les performances de votre entreprise.
Dans cet article, nous vous disons tout à propos du compte de résultat : définition, objectifs, construction et analyse. Vous verrez qu’il n’y a pas besoin d’être expert-comptable pour comprendre l’essentiel de ce document, et pour savoir l’utiliser de la meilleure des manières.
Le compte de résultat est un document comptable obligatoire. Il comptabilise l’ensemble des charges et des produits d’une entreprise sur une période donnée. La différence entre l’ensemble des produits et des charges donne le résultat net comptable. Si ce dernier est positif, l’entreprise dégage un bénéfice. S’il est négatif, elle réalise une perte. En anglais justement, le compte de résultat se traduit par “Profit and Loss account” (P&L) : compte de pertes et profits.
En finance d’entreprise, le compte de résultat a un rôle clé : il sert de base pour calculer des indicateurs de performance économique et financière. Parmi ces indicateurs, nous pensons particulièrement aux soldes intermédiaires de gestion (SIG). Les financiers construisent et analysent également différents ratios, pour suivre les performances de l’entreprise et les comparer aux données concurrentielles.
C’est donc un document riche en informations utiles pour les financiers (ET pour les dirigeants d’entreprise 😉). Rendez-vous dans la partie 4 de cet article pour en savoir plus sur les SIG et les ratios du CR les plus pertinents pour vous.
C’est LA question la plus souvent posée en comptabilité. Si le compte de résultat et le bilan font partie des comptes annuels obligatoires (avec l’annexe), ils ne contiennent pas les mêmes informations et n’ont pas le même objectif. L’essentiel à retenir est cela :
Le CR aboutit sur le résultat de l’exercice (différence entre produits et charges). Ce dernier sert à équilibrer le bilan, dont le solde est toujours égal à zéro (actif = passif). Il y a donc un lien entre ces deux documents comptables. Notez que l’annexe - troisième document comptable obligatoire - complète le bilan et le CR en apportant des précisions et des explications sur certains points (méthodes comptables, valorisation des stocks, tableaux d’amortissement, etc.).
Le compte de résultat est divisé en deux colonnes :
Ces charges et ces produits sont classés selon leur nature :
Au niveau des charges d’exploitation, nous avons :
Les charges financières sont tous les comptes de classe 66 (intérêts des emprunts principalement). Et les charges exceptionnelles correspondent aux comptes de classe 67 (pénalités, créances irrécouvrables, etc.).
Au niveau des produits d’exploitation, nous avons :
Les produits financiers sont classés dans les comptes 76 (produits issus des placements financiers, escomptes obtenus, etc.). Et les produits exceptionnels dans les comptes 77 (cessions d’éléments d’actif, dégrèvements d’impôt, etc.).
Le solde des produits et des charges est calculé en bas de chaque colonne. La différence entre les deux nous donne le résultat de l’exercice :
L’utilité du compte de résultat diffère selon l’utilisateur. L’administration, l’expert-comptable, le dirigeant, le banquier ou le contrôleur de gestion l’utiliseront de manière différente. Nous vous expliquons ici les principaux usages.
L’expert-comptable utilise le compte de résultat classique, car il correspond aux normes du Plan Comptable Général (PCG). Le CR classique présente ligne à ligne tous les soldes de chaque compte. En général, l’expert-comptable dispose également des soldes des 2 années précédentes, ainsi que certains indicateurs, comme le % du compte de produit ou de charge dans le chiffre d’affaires. Ce CR permet à ce spécialiste des chiffres d’aller chercher plus précisément dans les comptes certaines anomalies ou sur-performances, pour aider leurs clients à se développer.
Il réalise aussi des contrôles sur certains comptes, pour attester la régularité et la sincérité du compte de résultat.
“Un expert-comptable détient de par la loi une prérogative exclusive d’exercice consistant en différentes missions, à savoir réviser, apprécier mais aussi tenir, centraliser, ouvrir, arrêter, surveiller, redresser ou consolider les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n'est pas lié par un contrat de travail. Il est également habilité à attester la régularité et la sincérité des comptes de résultats”.
Source : L’Ordre des Experts-Comptable
Le business plan est un document qui présente les projections d’activité d’une entreprise sur plusieurs années. Il est conçu dans le cadre d’une création d’entreprise ou pour convaincre de nouvelles parties prenantes de rejoindre l’aventure (associés, investisseurs, organismes publics, banques). C’est la feuille de route de l’entrepreneur. Ce document est composé de deux parties :
Le compte de résultat prévisionnel est indispensable à la partie financière. En effet, il présente le volume d’activité de l’entreprise sur les années à venir. Or, contrairement au CR exhaustif de l’expert-comptable, le CR du business plan est :
Le compte de résultat différentiel est un document financier qui distingue :
Ce document est utilisé pour le contrôle de gestion (l’aide à la prise de décision). Pourquoi ? Parce qu’il met en lumière d’une part le niveau de risque de votre activité, et d’autre part, les objectifs de rentabilité (par produit, client, ou secteur géographique par exemple). En effet, les charges fixes et les charges variables permettent de calculer un indicateur qui doit vous intéresser : le seuil de rentabilité.
Le seuil de rentabilité (aussi appelé “point mort”), c’est le niveau de chiffre d’affaires à atteindre pour couvrir vos coûts. Au-delà de ce seuil, vous entrez en zone de profits. Cet indicateur de premier rang peut se décliner en fonction de votre comptabilité analytique et être analysé en volume de chiffre d’affaires, en unités de vente, en mois ou en jours d’activité.
Sa formule est la suivante : SR = Charges fixes / (CA - CV / CV)
Et le seuil de rentabilité en jours de chiffre d’affaires se calcule ainsi : (Seuil de rentabilité/Chiffre d’affaires) * 365.
D’un point de vue administratif, vous devez obligatoirement construire un compte de résultat à la fin de votre exercice comptable. Mais en termes de gestion, disposer d’un CR en cours d’année est très utile pour :
En résumé, c’est un très bon moyen de piloter votre entreprise en vous appuyant sur votre comptabilité.
Le CR se construit étape par étape : du plan comptable de l’entreprise, au traitement des données comptables, jusqu’à la présentation définitive. Nous vous expliquons tout cela ci-dessous.
La comptabilité est la matière première de votre compte de résultat. Ainsi, avant de le construire, vous devez vous assurer que :
Ces 3 étapes vous assurent que les chiffres de votre CR sont le plus exact possible.
Les données de votre CR sont extraites de votre comptabilité. Ici, vous avez plusieurs possibilités :
Cette étape de tri est nécessaire dans le cas où vous tenez vous-même votre comptabilité de trésorerie. Vous devez alors affecter à chaque flux financier (lignes du compte en banque de l’entreprise) une destination : charge ou produit. Faites bien attention, car une erreur d’affectation est vite arrivée. Ce tri doit être fait dans de bonnes conditions de travail (bloc de temps dédié exclusivement à cette tâche).
Vous pouvez soit :
Veillez à bien répartir les charges et les produits en fonction de leur nature et à faire les retraitements nécessaires pour disposer uniquement des chiffres correspondant à la période étudiée. Par exemple, si vous avez payé le loyer annuel en février et que le compte de résultat que vous voulez établir est celui du premier trimestre, il vous faut prendre en compte uniquement 3 mois de loyers.
Maintenant que vous disposez de la bonne “matière première” (vos données comptables), celles-ci doivent être consolidées et réparties dans un tableau. Ici, la consolidation consiste à regrouper les charges et les produits par comptes principaux, de manière à avoir le solde de chaque compte sur la période. Ensuite, la répartition se fait par colonne (charges à gauche et produits à droite) et par ligne. Les lignes du compte de résultat doivent respecter un ordre précis, afin de pouvoir calculer des soldes intermédiaires de gestion (nous vous en parlons un peu plus bas).
Outre l’obligation légale de présenter chaque année vos comptes à l’administration fiscale, le CR trouve tout son sens dans le cadre de la gestion de votre entreprise. Car c’est une véritable mine d’or. Vous y trouverez toute l’information nécessaire pour connaître et analyser vos comptes, vos marges, vos résultats et différents ratios de performance et de risque.
Les SIG sont des résultats intermédiaires qui permettent d’analyser les performances de l’entreprise. Les principaux sont :
Les SIG les plus pertinents diffèrent selon votre modèle d’affaires (prestation de services, achat-revente, production…) et votre objectif : création, présentation à des partenaires potentiels, communication interne, benchmarking, etc. Ils servent également à calculer des taux de marge, la répartition de la valeur ajoutée entre les parties prenantes de l’entreprise (actionnaires, banques, salariés, État) et des taux d’évolution (par exemple, le pourcentage d’évolution du chiffre d’affaires entre deux périodes.).
Un ratio, c’est un rapport entre deux variables. Par exemple le rapport entre le chiffre d’affaires et le nombre de clients. C’est une donnée très utile pour fixer des objectifs, faire des comparaisons (entre plusieurs périodes ou plusieurs entreprises par exemple) et mettre en évidence des risques et des opportunités. Les principaux ratios que vous pouvez analyser grâce à votre compte de résultat sont :
Une multitude de ratios peut être calculée. L’essentiel est d’en identifier un minimum, et de les améliorer sur le long terme.
Le résultat net, c’est la ligne d’arrivée. Il se calcule simplement, en faisant la différence entre l’ensemble de vos produits et l’ensemble de vos charges. Il sert de base pour calculer le résultat fiscal, sur lequel sera imposée votre entreprise.
Évidemment, l’objectif est de réaliser un résultat toujours plus important. Mais, un résultat net doit s’analyser en fonction de la maturité de l’entreprise. En effet, une entreprise en création pourra avoir un résultat très impacté par des coûts initiaux très importants (investissements, R&D, etc.).
Enfin, n’oublions pas qu’un résultat est uniquement une information comptable. Pour transformer celui-ci en trésorerie, vous devrez faire le parallèle entre compte de résultat et bilan, afin de vous assurer que l’argent rentre dans vos caisses, de la meilleure des manières.