Le compte de résultat prévisionnel, aussi appelé compte d’exploitation prévisionnel, est un document essentiel pour vous aider à créer et à diriger votre entreprise.
Il donne une vision globale de l’ensemble de vos recettes et coûts et vous permet en tant que tel d’évaluer la santé financière de votre entreprise et de définir une stratégie sur plusieurs années.
Il s’agit sûrement du document le plus utilisé de votre budget prévisionnel.
Dans cet article, nous allons définir puis décortiquer le compte de résultat prévisionnel.
Nous apprendrons ensuite à faire un compte de résultat prévisionnel en 8 étapes simples, que nous illustrerons ensuite avec un exemple détaillé.
Peu importe votre niveau d’expertise dans le domaine, cet article vous permettra de comprendre les tenants et aboutissants du sujet.
Le compte de résultat prévisionnel est un élément clé de la planification financière d'une entreprise.
Il présente les revenus, les coûts et les bénéfices prévus dans le futur proche d’une entreprise, généralement de 3 à 5 ans.
Ce document s’appuie sur un prévisionnel financier et il permet d'estimer les performances financières futures, de prendre des décisions stratégiques et d'évaluer leur rentabilité potentielle.
Avec le plan de financement et le prévisionnel de trésorerie, il est essentiel pour anticiper l’évolution de votre activité.
Le compte de résultat prévisionnel est essentiel pour plusieurs raisons :
Il offre ainsi une visibilité sur la santé financière de l'entreprise, notamment vis à vis du budget de trésorerie, et aide à prendre des décisions éclairées pour maximiser ses performances.
Au fur et à mesure de l’année, il est aussi bon pour les entrepreneurs de revenir sur ce document pour comparer leurs performances avec leurs objectifs passés.
Au début de l'activité d'une entreprise, le compte de résultat prévisionnel revêt une importance particulière.
En plus d’être requis par les investisseurs pour évaluer la potentielle performance financière du projet, il est utile aux entrepreneurs.
En effet, il permet de déceler très tôt d’éventuels problèmes structurels qui pourraient nuire dans le futur à la rentabilité de l’entreprise.
Il est aussi utile pour comparer son entreprise naissante avec des concurrents du secteur, notamment grâce aux soldes intermédiaires de gestion et aux ratios que nous verrons par la suite.
Si votre entreprise a besoin de lever des fonds pour se développer, alors elle ne pourra pas se passer d’un compte de résultat prévisionnel.
Ce document est obligatoire auprès des fonds et des banques d’investissement. Les investisseurs ont à cœur d’analyser à la fois vos performances passées, mais aussi vos prévisions financières futures mises en relation avec la vision stratégique que vous portez pour votre entreprise.
A noter
En phase de levée de fonds, les investisseurs demandent un Business Plan ou “BP”. Le compte de résultat prévisionnel fait justement partie de ce BP.
Le compte de résultat prévisionnel a pour point de départ le chiffre d’affaires prévisionnel, ou budget d’exploitation, de l’entreprise.
On y ajoute les produits et charges prévisionnelles de l’entreprise pour aboutir à différents soldes intermédiaires.
Cela revient aussi à faire un prévisionnel. Finalement, la dernière ligne de cet état financier est le résultat net.
C’est la vision linéaire du compte de résultat, “de haut en bas”.
Une autre manière de voir le compte de résultat prévisionnel est de considérer que la dernière ligne, le résultat net, est simplement l’addition de trois résultats à calculer indépendamment avant d’appliquer l’impôt sur les sociétés au total : le résultat d’exploitation, le résultat financier, et le résultat exceptionnel.
Le résultat d’exploitation est la différence entre les produits et les charges d’exploitation. Il s’agit d’un indicateur financier qui mesure la performance d'une entreprise dans son activité principale, c'est-à-dire celle liée à son cœur de métier.
Le résultat financier est calculé en faisant la différence entre les produits financiers et les charges financières d’une entreprise.
Le résultat financier mesure la performance de l'entreprise dans la gestion de ses ressources financières. Ce résultat est souvent négatif. En revanche, s’il est très bas par rapport à d’autres entreprises du secteur, cela peut indiquer un coût de financement trop élevé.
A noter
La somme du résultat d’exploitation et du résultat financier est appelé résulat courant avant impôt (RCAI).
Le résultat exceptionnel indique les gains ou les pertes issus d’activités exceptionnelles. Ils viennent à la fin de l’analyse car ils sont moins représentatifs de l’activité habituelle de l’entreprise.
Les gains ou pertes (produits ou charges) résultent d’événements ponctuels, avec par exemple :
A noter
Par définition, le résultat exceptionnel est difficile à prédire plusieurs années en avance.
Le résultat net avant impôt est obtenu après application de l’impôt sur les sociétés à la somme des résultats d’exploitation, financier, et exceptionnel.
Si les salariés ont une participation dans l’entreprise, il faut aussi la déduire.
Le résultat net est la dernière ligne, ou “bottom line” chez les anglo-saxons, et a donc souvent l’attention des entrepreneurs car elle montre ce qu’il reste effectivement à l’entreprise à la fin de leur exercice.
Les soldes intermédiaires de gestion (SIG) sont des indicateurs financiers utilisés pour analyser différents aspects de la performance opérationnelle d’une entreprise.
Ils sont intéressants dans notre analyse car on les trouve en réalisant le compte de résultat de haut en bas.
Ils permettent aussi d’extraire des informations cruciales pour interpréter un compte de résultat prévisionnel.
Le chiffre d’affaires est le véritable moteur de l’entreprise. Il correspond au nombre de biens ou de services vendus multiplié par leur prix.
Les coûts de production représentent le total des coûts encourus par une entreprise pour fabriquer ou acquérir les biens qu'elle a effectivement vendus au cours d'une période donnée. Ces coûts comprennent tous les éléments nécessaires à la production des biens vendus, tels que :
Les coûts de production dépendent du chiffre d’affaires, donc on peut les estimer en appliquant la même méthode qu’avec ce dernier
A noter
les dotations aux amortissements ne sont pas considérées comme des coûts de production. Bien qu’elles soient une dépense importante pour l’entreprise, elles sont prises en compte plus bas dans le compte de résultat.
La marge brute est calculée de la manière suivante :
Marge brute = CA - Coûts de production
Cet indicateur permet de mesurer la rentabilité de l’entreprise à un premier niveau, celui de la production. On l’exprime souvent en pourcentage du chiffre d’affaires.
Cet indicateur est utile pour juger de la viabilité de projets rapidement. Par exemple, si un entrepreneur désire créer une startup, mais constate en réalisant son premier compte de résultat prévisionnel que sa marge brute serait trop faible en suivant une première idée, cela peut l’amener à se poser des questions vitales :
Il existe plusieurs manières de calculer l’EBE. Voici sa formule comptable en partant du chiffre d’affaires :
Excédent brut d’exploitation (EBE) = Chiffre d’affaires (compte 70) – Achats consommés (compte 60) – Consommation en provenance de tiers (comptes 61 et 62) + Subventions d’exploitation (compte 74) – Charges de personnel (compte 64) – Impôts et taxes (compte 63)
En pratique, on peut trouver l’EBE en partant directement de la marge brute :
EBE = Marge brute - Frais généraux et administratifs (frais de personnel, loyer, assurances, frais marketing et de développement) + Subventions d’exploitation (compte 60) - Impôts et taxes (compte 63)
L’EBE est l’indicateur désigné pour effectuer des comparaisons interentreprises.
En effet, il s’arrête avant la prise en compte du résultat financier (qui peut être influencé par les choix de financement des entreprises), et celle du résultat exceptionnel (qui résulte d’événements non significatifs pour comparer des entreprises entre elles).
Le résultat d’exploitation est un indicateur proche de l’EBE.
De manière assez similaire, il sert à évaluer la performance d’exploitation d’une entreprise avant la prise en compte d’événements exceptionnels et de sa stratégie financière.
Cependant, le résultat d'exploitation est en aval de l’EBE et se calcule de la manière suivante :
Résultat d’exploitation = EBE + Dotations aux amortissements, dépréciation et provisions d’exploitation (681)+ Reprises sur amortissements, dépréciation et provisions d’exploitation (781)+ Autres produits d‘exploitation (791, 75)+ Autres charges d’exploitation (65)
En clair, la différence fondamentale entre ces deux indicateurs est que le résultat d’exploitation prend en compte les amortissements.
Comme définis plus tôt, le résultat financier découle de la stratégie financière de l’entreprise et le résultat exceptionnel des produits et charges exceptionnels.
Les dirigeants ont souvent une assez bonne visibilité sur les résultats financiers prévisionnels à inscrire.
Cependant, il leur est difficile de prévoir les charges et produits exceptionnels à venir. Donc, en général, les entreprises préfèrent ne pas essayer de les anticiper.
Cette étape est relativement aisée étant donné que votre taux d’imposition sur les sociétés a peu de raisons de changer d’une année sur l’autre, à part si votre base imposable dépasse un certain seuil.
Le calcul du résultat net est le calcul final du compte de résultat prévisionnel. On a la formule :
Résultat net = Résultat d’exploitation + résultat financier + résultat exceptionnel - Participation des salariés - Impôt sur les bénéfices
Vous vous en doutez, il s’agit là aussi d’un indicateur clef. Il donne une vision de la performance globale d’une entreprise sur une période donnée, passée ou à venir, une fois prise en compte la totalité des coûts qu’elle peut rencontrer.
Prenons un exemple pour illustrer comment faire un compte de résultat prévisionnel en appliquant les 8 étapes précédentes à une nouvelle entreprise fictive.
Dans notre exemple, le chiffre d’affaires connaît une croissance très importante en 2025 (110%), puis commence à se stabiliser en 2026.
Cela nous donne déjà des indices quant à l'entreprise concernée. On devine qu’elle a tout juste été créée en raison de son chiffre d’affaires modéré et de sa grande ambition de croissance à court terme.
En descendant un peu plus bas, on remarque que la marge brute devrait s’améliorer d’année en année.
En effet, les coûts de production ont certes augmenté, mais à un rythme bien inférieur à celui de la croissance des ventes.
Plus bas encore nous pouvons nous pencher sur les coûts opérationnels. On remarque alors que les deux premières années, l’entreprise n’a pas de coûts de personnel !
Elle prévoit donc d’embaucher officiellement seulement à partir de sa troisième année d’existence.
Ce choix se ressent sur l’EBE, qui est négatif en année 3. C’est assez courant pour les entreprises jeunes, donc pas spécialement inquiétant.
Il serait intéressant d’avoir des projections à plus long terme pour voir si l’EBE se redresse.
Le résultat d’exploitation est ensuite déduit de l’EBE avec un résultat très similaire.
Le résultat financier est négatif à partir de l’année 2. On peut imaginer que l’entreprise prévoit d’emprunter auprès de banques pour financer sa croissance.
On considère un résultat exceptionnel nul et on ignore les participations des salariés pour simplifier.
Enfin, il ne reste plus qu’à appliquer l’impôt sur les sociétés. On arrive au résultat net, qui bien entendu suit une tendance similaire à l’EBE et au résultat d’exploitation.